| Dans la dernière édition de son magazine mensuel, l’UFC-Que Choisir a publié des résultats d’analyse, incriminant Biocoop pour sa tablette de chocolat noir 70% et son taux de cadmium (un métal lourd). Pour répondre aux interlocuteurs inquiets, voici quelques informations : |
| – Les analyses mises en avant dans le magazine datent de 2022. Le taux retrouvé à l’époque était conforme règlementairement. – Depuis de nombreuses années, chez Biocoop, nous avons pris ce danger en compte dans les produits à risque, dont le chocolat. C’est pourquoi tous nos chocolats sont analysés, suivis et conformes à la règlementation européenne sur les teneurs en cadmium : en effet, une analyse annuelle de contrôle « métaux lourds » est faite sur chaque matière première et produit fini. – Les résultats d’analyse cadmium 2024 sur notre « Tablette Biocoop 70% de chocolat noir » sont bien en-dessous du seuil maximal réglementaire de <=0.80mg/kg (R 2023/915) : 0,232 +/- 0,046 mg/kg Méthode interne MI0061 (ICP/MS). – Les filières de cacao biologiques sont d’origine Amérique latine, où certains sols sont naturellement riches en cadmium, alors que les filières du cacao conventionnel sont plutôt d’Afrique de l’Ouest. – Cette contamination n’a aucun lien avec des pratiques agricoles. – « Il ne faut pas oublier les avantages du label bio par rapport à la culture conventionnelle du cacao, qui emploie des engrais et des additifs de synthèse », rappelle le Synabio (le syndicat national des entreprises agro-alimentaires bios). |
| VUE D’ENSEMBLE SUR LES RÉSULTATS D’ANALYSES CADMIUM DE NOTRE PLAN DE CONTRÔLE BIOCOOP : • En alimentaire / sec : En 2024, 78 produits ALI de notre plan de contrôle testés en cadmium => 100% conformes. En 2025, 63 produits ALI testés en cadmium à fin juin 25 => 100% conformes • En fruits et légumes : En 2024, 373 F&L ont été testés en cadmium en 2024 => 100% conformes. En 2025, 81 produits F&L ont été testés en cadmium à fin juin 25 => 100% conformes. |
| EN SAVOIR PLUS Cadmium et produits bio : Pour les céréales et légumes cultivés en Europe – qui représentent une source significative d’exposition au cadmium des consommateurs français (cf Anses) – la présence de cadmium est fortement liée aux engrais phosphatés, à forte teneur en cadmium, qui sont épandus dans les champs conventionnels. C’est pourquoi généralement des niveaux plus faibles de cadmium (de l’ordre de 30 % en moins) sont retrouvés dans les aliments bio. Il est même précisé que les niveaux de contamination sont 48 % inférieurs en bio d’après l’étude Baranski parue en 2014. Cadmium et chocolat bio : La présence de cadmium dans le chocolat s’explique par l’abondance de ce métal dans les formations géologiques. En fonction de la nature des roches mères, la teneur en cadmium des sols varie fortement. Les sols volcaniques d’Amérique Latine présentent ainsi des teneurs en cadmium importantes, mais qui peuvent varier fortement d’une région à l’autre, voire d’une vallée à l’autre. Les racines du cacaoyer puisent les nutriments dans le sol, et le cadmium ainsi absorbé se retrouve pour partie dans les fèves de cacao. Ce ne sont donc pas les pratiques agricoles qui sont responsables de la contamination, mais bien la nature géologique des sols. Or, historiquement, les petits producteurs de cacao en Amérique Latine ont été les premiers à se tourner vers la production biologique et le commerce équitable. Les filières bio se sont donc majoritairement structurées sur ces pays andins, d’où une sur-représentation de ces origines dans les chocolats bio. Avec des partenariats dans le temps long, ces filières ont également développé des pratiques agroforestières, mis en valeur des variétés anciennes, etc pour révéler les spécificités de certains terroirs via des chocolats bio extrêmement qualitatifs. À l’inverse de l’Amérique Latine, les sols d’Afrique de l’Ouest sont plutôt pauvres en cadmium. Or, la Côte d’ivoire et le Ghana représentent à eux seuls 70% de la production mondiale de cacao. C’est dans ces pays que les grands acteurs du cacao conventionnel sourcent leurs fèves de cacao. Il s’agit d’une cacaoculture « de masse », avec des variétés hybrides de cacao cultivées en plein soleil et des problématiques de déforestation et de travail des enfants directement liées à la culture du cacao. En raison de cette monoculture intensive de cacao, il existe très peu de filières de production bio en Afrique de l’Ouest. Ainsi, les origines ouest-africaines sont sur-représentées dans le chocolat conventionnel, avec des taux de cadmium plus faibles, tandis que les filières bio peinent à émerger dans ce contexte de production de masse. |
| En résumé, la différence de teneur en cadmium entre chocolat bio et conventionnel s’explique uniquement par l’origine géographique du cacao et l’historique du développement des filières bio et équitables, et non pas par des pratiques agricoles particulières de ses petits producteurs bio. C’est pourquoi Biocoop a toujours à cœur d’accompagner ses fournisseurs à diversifier leur sourcing de cacao et/ou développer des produits MDB sur d’autres origines (Togo, Papouasie, Madagascar, etc…). |
Roland TROUSSEAU
Bonjour, biocoopain et abonné à Que choisir, j’ai bien lu cet article sur le cacao. Pas de chance en effet que les zones aux pratiques les plus vertueuses, bio et équitable, sans exploitation des populations et des enfants, ni déforestation excessive, soient les plus riches en cadmium.
Le taux du chocolat Biocoop par rapport à la norme (29 %) est cohérent avec la proportion de la Dose quotidienne absorbable pour la quantité testée par Que choisir, environ 20 %. Mais des pistes existent pour réduire ou relativiser ce problème:
– D’abord, en effet, utiliser du cacao de diverses sources afin de diluer cette quantité de cadmium des pays andins, donc développer le cacao bio ailleurs, Afrique, Madagascar, St-Domingue,…. Et pour le consommateur, diversifier aussi ses sources lors de l’achat.
– Ensuite, réduire la faculté du cacaoyer à absorber le cadmium, des recherches de variétés de ce type sont en cours, voir https://www.cirad.fr/dans-le-monde/cirad-dans-le-monde/projets/projet-climaloca , financées par l’Union Européenne, d’ailleurs, pour que ces zones puissent poursuivre leur production sans intoxiquer leurs consommateurs.
– Peut-être, aussi, renoncer à cette culture dans les vallées les plus riches en cadmium, mais dans ce cas accompagner la reconversion des producteurs malchanceux.
– Enfin, comparer la richesse en pesticides du cacao bio par rapport au non-bio, j’espère qu’une telle étude existe, et voir si le risque pour la santé n’est pas plus important côté pesticides. De deux maux, il faut choisir le moindre…en attendant la baisse du taux de cadmium.
Il est aussi important de ne pas en rajouter, donc de consommer bio pour tous ses aliments, pas uniquement le chocolat, car céréales, pommes de terre et autres légumes bio sont eux moins riches en cadmium que les aliments conventionnels !
Et je vais tout de même aller me grignoter un carré de chocolat bio, voire deux…