Parce que cet article nous a sacrément interpellé.e.s et que nous trouvions important de vous en partager l’idée, voici une petite synthèse du dossier « Vous avez dit autonomie alimentaire ? » de Weronika Zarachowicz paru au Télérama n°3666 du 15 avril 2020. Nous vous invitons chaudement à le lire dans son intégralité ici.
Transport et approvisionnement bousculés, réserves limitées à trois jours pour certaines grandes villes, agriculture tournée vers l’exportation…
La crise du COVID19 pointe les limites d’un marché alimentaire mondialisé. L’occasion de valoriser les circuits courts et la consommation locale ?
C’était avant le COVID19, en 2008, Stéphane Linou, un habitant de Castelnaudary, dans l’Aude, disait adieu aux avocats du Guatemala, aux fraises d’Espagne et devenait le premier « locavore » français. Son défi ? Se nourrir 100% local, pour populariser les circuits courts, pointer les fragilités du système alimentaire et surtout insister sur l’enjeu vital de notre résilience, soit notre capacité à nous remettre d’un traumatisme, d’un choc, tant à l’échelle individuelle que collective. Ce conseiller municipal, ancien conseiller général de l’Aude, s’était alors appuyé sur un scénario de pandémie grippale imaginé par l’OMS : dans cette projection toutes les chaînes d’approvisionnement, transporteurs compris, étaient bloquées.
Une décennie et quelques pandémies plus tard, nous n’en sommes pas (encore) là. Mais jamais notre résilience alimentaire n’est apparue aussi cruciale, constate Stéphane LINOU, sujet pour lequel il a consacré un livre (résilience alimentaire et sécurité nationale).
Bien sûr nous sommes loin de la pénurie, mais comme une loupe géante, la crise du COVID19 dévoile les innombrables vulnérabilités de notre système mondialisé, qui a imposé le principe que produire près de chez soi n’était plus nécessaire pour s’alimenter à bas coût.
Pourtant comme pour l’hôpital, les chercheurs n’ont cessé de répéter aux pouvoirs publics que notre chaîne alimentaire n’est pas si solide et qu’on joue avec le feu ! Nos flux de marchandises n’existent que grâce au pétrole, cette énergie magique et maudite, bon marché, qui nous a permis de déterritorialiser la satisfaction de nos besoins. On ne cherche pas à produire pour le local, puisqu’on importe à bas prix et on ne stocke pas. C’est la même logique pour les masques : on estime que le stockage et la prévention coûtent trop cher ! Si les chauffeurs tombent malades ou sont étrangers et bloqués par une fermeture des frontières, tout notre approvisionnement est mis à rude épreuve. Moins de 3% de la population active s’occupe de la nourrir, c’est trop peu, d’autant que c’est une population vieillissante, dont 43% partira à la retraite d’ici 10 ans !
L’autonomie des cent premières agglomérations françaises s’élèverait à 2% en moyenne, dit autrement : 98% de l’alimentation consommée localement serait importée ! Calculer les flux est complexe, la France est exportatrice et importatrice, les exploitations proches des villes ne les alimentent pas puisqu’elles se destinent à l’exportation !
Sur parcel-app.org, chacun d’entre nous peut désormais déterminer quelles sont les surfaces de terres agricoles nécessaires pour alimenter la population. 80% de nos terres agricoles servent à nourrir le bétail (français ou international). Une réduction de 25% de notre consommation de viandes permettrait de ramener les 41.7 millions d’hectares à 27,5 millions pour nourrir tout le monde en bio, avec une relocalisation des productions et des emplois.
La France dispose d’un potentiel agronomique impressionnant. En préemptant le foncier dès que c’est possible, en encourageant les producteurs locaux, en travaillant sur des ceintures maraîchères et avec la restauration collective, déjà les réussites sont nombreuses (St Etienne – Rennes – Lons le S – Toulouse – Ungersheim – Loos en G – Mouans-Sartoux – …)
La crise du COVID19 donnera t’elle enfin un coup d’accélérateur ?
Oui, à condition d’interroger notre modèle agro-industriel d’exportation, trop dépendant de la PAC.
En décembre, le Sénat avait rejeté une résolution sur la nécessité de contrôler notre sécurité alimentaire (sénatrice F. Laborde) ; le vote serait sans doute différent aujourd’hui !
Avec l’élue de Haute Garonne, Stéphane Linou s’apprête à proposer au Gouvernement de créer un Conseil National de la résilience alimentaire, sachant que les crises écologiques vont nous impacter encore plus durement.
Et pour approfondir la question, nous vous invitons grandement à visionner (et surtout à partager – c’est sympa 😉 ) cette vidéo sur la pénurie alimentaire.
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